Du 9 au 13 juin 2025, la fonction publique fédérale canadienne s’est transformée en vaste académie instantanée pour apprivoiser l’intelligence artificielle. Sous la houlette du Canada School of Public Service et du Bureau du Conseil privé, près de 40 000 à 50 000 agents se sont inscrits à la première Semaine de l’apprentissage sur l’IA. L’objectif ? Passer de « c’est quoi ChatGPT… ? » à « comment je l’utilise pour rédiger un rapport ministériel ? »
Des fonctionnaires sur le ring du numérique
Focalisée sur la Stratégie IA 2025–2027, cette semaine visait à « évaluer les compétences actuelles », « sensibiliser les agents à l’impact de l’IA sur leur travail » et « promouvoir une culture d’amélioration continue », selon l’École de la fonction publique du Canada.
Résultat ? Calendriers officiels bloqués – 60 à 90 minutes consacrées à un cours, un webinaire ou un outil générique sur l’IA générative. Exit les réunions interminables : place aux vraies présentations, même si l’on suspecte que plusieurs ont surfé sur Zoom… sans le son.
Conférences, ateliers et vidéos : la panoplie IA intégrale
Le menu ? Notamment :
- Introduction à l’IA (DDN210), Considérations éthiques (DDN243), Data & IA dans la FP (DDN301‑304).
- Activités live : panorama de la stratégie IA (en anglais et français), ateliers sur l’IA générative (10–13 juin).
Grande première ! Le Canada a mobilisé tous les échelons hiérarchiques : des analystes aux cadres supérieurs, tous assis côte à côte pour débattre… de savoir si les systèmes de données des années 80 méritent d’accueillir ChatGPT ou non.
Biais, éthique et réalité du terrain
À l’ordre du jour : débusquer les pièges, comme l’IA qui reproduit les biais historiques… « Beaucoup de données gouvernementales contiennent des perspectives problématiques », rappelait un cadre fédéral, plaçant l’approche prudente avant l’enthousiasme technophile .
Car contrôler le public, c’est aussi garantir que les modèles ne rappellent pas des préjugés d’antan. Bref, « il faut de l’IA, mais pas à n’importe quel prix », semblait chuchoter le Trésor.
50 000 fonctionnaires en immersion IA : le boom LinkedIn
Sur LinkedIn et X, l’EFP du Canada affiche fièrement la mobilisation :
« …co‑hosted by the Privy Council Office. Thank you to the 50 000 public servants who joined us ».
Commentaires dithyrambiques, partages enthousiastes, on imagine déjà les agents avec leur badge « I survived AI Learning Week ».
Entre micro-apprentissage et macro-prise de conscience
Micro-cours entre deux réunions, objectifs d’apprentissage simples (vidéos, outils, téléchargements)… l’approche veut démystifier l’IA sans provoquer de burnout électronique.
Petit effet secondaire malin : les agents découvrent qu’on peut aussi coworker avec des robots… sans qu’ils volent leur job. Mais certains, sceptiques, continuent de penser qu’un expert IA est plus utile qu’un Chatbot qui recopie les vieux modèles Excel.
Effet collatéral : bientôt des IA citoyennes ?
Pendant qu’ils s’initient à la modélisation responsable, on s’interroge déjà : est-ce que demain on remplira nos demandes de subventions… auprès d’un serveur IA fédéral ?
L’enjeu est majeur : déployer l’IA pour améliorer les services aux citoyens, tout en garantissant sécurité, éthique, inclusion, transparence . Une lourde promesse. Le risque ? Des réponses aussi froides que des emails générés automatiquement. Mais pour l’instant, l’espoir – et la curiosité – priment.
Conclusion : quand les fonctionnaires branchent leur cerveau… et parfois débranchent leur micro
La Semaine IA de juin 2025 aura eu au moins un mérite : démontrer que la bureaucratie fédérale peut être agile, curieuse, et légèrement geek. Et si on a évité le facepalm général, on a surtout planté une graine : demain, les décisions publiques pourraient être co-signées par des humains… et des algos polis, transparents, et.. formatés en open‑source ?
Rendez‑vous en 2027 pour voir si l’intelligence artificielle aura réduit les délais administratifs… ou créé de nouveaux formulaires. En attendant, salut-bravo-reloaded : bravo aux 50 000 fonctionnaires canadiens, d’avoir survécu à une semaine… très IA.