Chronique d’une grande maison qui rapetisse sans perdre son élan… enfin presque.
Des emplois évaporés version moutarde à l’ancienne
“Pour garantir notre stabilité et offrir des expériences de jeu de classe mondiale, nous devons ajuster nos effectifs.”
Ainsi parlait un porte‑parole d’Ubisoft, le 27 janvier 2025, en annonçant la fermeture du studio de Leamington Spa et la suppression de 185 postes répartis entre Düsseldorf, Stockholm et Reflections PC Gamer.
Une déclaration aussi rassurante qu’un “Tout va bien” lâché par un vendeur de bretzels avant l’effondrement de son stand. Mais ce n’est pas la première fois que l’éditeur à la mosaïque multicolore s’allège : déjà, entre septembre 2023 et janvier 2025, près de 676 personnes ont reçu leur lettre de licenciement.
La valse des studios et des contrats
Ubisoft Leamington, ce petit bijou de la couronne britannique, a fermé ses portes après avoir participé à des hits comme For Honor et Rainbow Six Siege. De l’autre côté de la Manche, Düsseldorf, Stockholm et Reflections ont vu 185 salariés “redéployés” ou mis au chômage PC Gamer, selon le jargon édulcoré. Pendant ce temps, chez Ubisoft Toronto, 33 postes ont été coupés en juin 2024, officiellement pour “réalignement stratégique” IMDb. Bref, un cours accéléré de gestion du personnel où l’on apprend vite que “cible” peut valoir “coup de hache”.
Des chiffres qui font tourner la tête (et le désespoir)
Ces licenciements s’inscrivent dans un mouvement plus vaste, d’après Wikipédia : 3 000 suppressions d’emplois dans l’industrie AAA depuis 2022, dont une part non négligeable chez Ubisoft. Selon Wikipedia, l’effectif global d’Ubisoft est passé de 20 279 employés fin 2022 à 18 666 fin septembre 2024. Les coupes dans les équipes VFX, IT (124 postes en novembre 2023) puis dans la publishing (45 postes en mars 2024) ont suivi un schéma macabre de “réduction par paliers”. À ce rythme, il ne restera bientôt plus que le CEO pour développer la prochaine extension de Mario & Sonic aux Jeux Olympiques.
Quand la com’ essaye de sauver les meubles
“Nous soutiendrons nos anciens collaborateurs pendant leur transition”, promet Ubisoft avec un ton digne d’un humour noir assumé. Et pour adoucir la pilule, le géant français a mis en place des “packages de reclassement” et jusqu’à 24 mois de salaire de départ pour ses employés canadiens Samfiru Tumarkin LLP. Traduction : “On vous nourrit un peu pendant que vous courez chercher un autre job.” Une stratégie de bienveillance qui rappelle ces bons samaritains qui vous offrent un pansement… avant de vous jeter dans l’ambulance.
L’impact sur les joueurs et la stabilité des franchises
L’objectif affiché est clair : focaliser les ressources sur les titres “core” et réduire les coûts. Mais quels sont les sacrifices ? Avatar: Frontiers of Pandora n’a pas fait d’étincelles, Skull and Bones flotte toujours dans le port de la décote, et Assassin’s Creed Shadows a été reporté de novembre 2024 à février 2025. Les joueurs, eux, attendent la prochaine bombe ludique… ou craignent l’extinction de leurs studios préférés.
Conclusion – Ubisoft, entre résilience et squelettisation
Ubisoft déroule sa stratégie “d’optimisation” à grands coups de coupes budgétaires, sous prétexte de performance et de qualité. Bilan : des studios fermés, des talents dispersés, et des joueurs circonspects. À trop vouloir tailler dans le gras, on finit par perdre l’âme du ragoût. Reste à espérer que ces décisions permettront à l’éditeur de reconquérir son public… ou du moins d’éviter la banqueroute. Car après tout, la vraie performance, c’est de durer sans tout casser.